Solène, fondatrice de SMAC : gérer une boutique avec passion, entre objets chinés et savoir-faire français

Rencontre avec Solène - Fondatrice de SMAC

Ça fait maintenant 16 ans que je fais presque quotidiennement le trajet depuis la rue du Général-de-Gaulle à La Madeleine. 16 ans que je vois défiler le même paysage de petits commerces et de maisons du Nord un peu grises.
Puis, il y a deux ans, une nouvelle boutique a attiré mon regard : un rose flamboyant (et vous connaissez mon amour pour le rose !). SMAC venait de s’installer.

En octobre dernier, j’ai enfin poussé la porte et fait la rencontre de Solène, fondatrice de la boutique SMAC. Une adresse dédiée aux objets chinés et aux créations françaises bien faites. Elle propose un univers mêlant subtilement le contemporain et le vintage.

Au-delà d’une simple sélection d’objets soigneusement choisis, j’ai découvert une personne solaire, passionnée par son métier, qui prend un bonheur immense à le partager avec tous ceux qui osent franchir la porte de sa boutique.

Pour commencer, peux-tu te présenter à celles et ceux qui ne connaissent pas encore ton univers ?

Je suis Solène, j’ai 43 ans, maman de deux petites filles, Yaël et Charlie, et fondatrice de SMAC.

SMAC, c’est un concept qui mêle une sélection d’objets vintage que je chine : décoration, art de la table, petits meubles, mais aussi, depuis peu, une sélection de vêtements et d’accessoires. J’y associe également des créations françaises bien faites.
Mon idée, c’est de lutter à mon échelle contre l’uniformisation des modes de consommation, en valorisant le savoir-faire des créateurs et en proposant des objets uniques, beaux et durables.

Avant la création de ta boutique, quel a été ton parcours personnel et professionnel ?

J’ai passé une enfance tranquille dans la campagne tourangelle avec mes parents et mes deux frère et sœur.
Mes parents ont toujours été passionnés par les brocantes et les salons d’antiquaires, et moi, dans leurs pattes, j’adorais les suivre dans leurs découvertes et leurs rencontres. C’est clairement eux qui m’ont transmis l’amour des beaux objets.

Puis je suis partie faire des études d’économie à Rennes, où j’ai rencontré mon homme, la fête et des amis pour la vie !

Master en poche, oui, mais… qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire avec ce diplôme ?
Je décide alors de me reformer en intégrant une école d’arts appliqués : je voulais faire de la déco d’intérieur, du merchandising, un métier en lien avec le beau!

J’ai ensuite eu l’opportunité d’intégrer un groupe de prêt-à-porter français, le Groupe Beaumanoir, puis un second. Et, finalement, à 40 ans, je me suis rendue compte que j’avais fait toute ma carrière dans le retail, sur des postes liés à l’identité visuelle, au merchandising et à la valorisation de l’offre.

Quel a été le déclic qui t’a poussée à quitter un parcours “classique” pour créer un projet plus aligné avec toi-même ?

Un vrai alignement des planètes…
Cela faisait près de dix ans que j’étais dans ma dernière boîte, où j’avais vécu de belles expériences, parfois très challengeantes, mais où je commençais à végéter un peu. Et puis, je suis tombée enceinte de ma deuxième fille !

J’apprends pendant ma grossesse qu’un plan social se met en place… alors je me questionne : deux enfants, beaucoup de déplacements… est-ce vraiment ce dont j’ai envie ? Est-ce que je ne rêve pas d’autre chose pour moi, aussi ? C’est à partir de ce moment-là que tout a commencé à cheminer doucement.

Avant de te lancer, as-tu traversé des peurs, des doutes ? Si oui, lesquels t’ont le plus challengée ? Et comment as-tu su les dépasser ?

Des peurs, des doutes… c’est ma vie. Je doute tous les jours, enfin à vrai dire pas tant que ça sur le perso, mais sur le pro, oui.

Et puis, quand tu te lances, tout est une première fois. Tu pars de zéro. Ça peut être angoissant, en tout cas, ça l’était pour moi. Ce qui m’a aidée, c’est d’abord de bien me connaître : mes forces, mes faiblesses, une sorte de SWOT (= analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces pour mieux définir sa stratégie) de soi-même. C’est important de savoir ce qui te met en inconfort, mais aussi de connaître tes points d’appui, tes compétences, celles sur lesquelles tu peux t’ancrer.

Au début de mon processus de création d’entreprise, j’ai intégré une formation de près de sept mois mise en place par une asso lilloise, Little Big Women, qui accompagne les femmes entrepreneures sur tous les aspects de l’entrepreneuriat. Donc, mieux se connaître, oui, mais aussi oser solliciter son réseau, ses proches, sa famille.

L'échange m’aide énormément dans la prise de décision. Je parle ici autant des décisions concrètes que des états d’âme, ces fameuses montagnes russes. C’est important de pouvoir déposer tout ça quelque part.

Et puis, autre chose essentielle : avancer étape par étape. Ne pas regarder toute la montagne d’un coup. On parle souvent de petits pas, et c’est vrai : les choses paraissent beaucoup plus simples quand on les décortique.

Comment as-tu déniché les créateurs et créatrices avec lesquels tu travailles aujourd’hui ?

Aussi loin que je me souvienne, dans chaque ville que je visitais, je cherchais toujours les lieux inspirants. J’ai découvert beaucoup de créateurs comme ça, dans des boutiques, sur des salons, et puis je les ai suivis sur les réseaux. Ces créateurs organisaient souvent des événements avec d’autres artisans, et c’est comme ça que j’ai commencé à tisser des liens.

Aujourd’hui, c’est un peu différent avec la boutique. J’ai pignon sur rue, donc ce sont régulièrement les artisans qui viennent à moi.
Mais j’aime toujours autant cette partie de mon métier : le sourcing, la rencontre de deux univers, ce moment où tu te dis “mais oui, c’est sûr, ça va matcher !”

Parmi toutes les pièces que tu as chinées, y en a-t-il une ou plusieurs qui t’ont particulièrement marquée, par leur histoire, leur rareté ou l’émotion qu’elles t’ont procurée ?

Franchement, non, je n’ai pas une pièce en particulier. D’ailleurs, c’est rigolo, parce qu’on me dit souvent : “Oh, mais tu dois avoir envie de garder certaines pièces pour toi !”

En réalité, pas vraiment. Je ne peux pas dire que ça ne m’est jamais arrivé, mais à vrai dire, c’est plutôt mon conjoint qui a parfois de vrais coups de cœur pour certaines pièces. Dans ces cas-là, impossible pour moi de les vendre !

Je n’ai pas ce besoin de possession. J’en profite quelques jours, parfois un peu plus, puis ils continuent leur vie, et c’est très bien comme ça.

Que voudrais-tu dire à celles et ceux qui n’osent pas encore passer à la seconde main pour décorer leur intérieur ? Quel préjugé aimerais-tu déconstruire à ce sujet ?

Je pense que nous avançons bien sur le sujet de la seconde main. Il y a encore quelques années, la principale raison d’acheter d’occasion était le prix. Mais j’ai vraiment la sensation que, même si cela reste un facteur important pour beaucoup, il y a désormais une vraie volonté de limiter son impact, avec une consommation plus raisonnée, notamment chez la génération Z, qui est super moteur sur ce sujet, et c’est top.

Et puis, bien sûr, une autre raison majeure de consommer en seconde main, sans doute la principale pour mes client·e·s, c’est l’envie de dénicher des pièces que l’on ne trouve pas partout : des objets bien faits, de qualité, qui ont résisté au temps et qui permettent de créer des intérieurs personnalisés, qui se démarquent.
C’est d’ailleurs pour cela que l’offre mixant objets chinés et créations artisanales fonctionne si bien : elles se répondent naturellement.

En revanche, il reste encore du chemin à faire pour démocratiser “la seconde main sous le sapin”, ou plus globalement, l’occasion comme idée de cadeau.
Et pourtant, quel bonheur de recevoir un beau sac en cuir vintage ou un miroir biseauté plein de charme !

Et pour la suite, quelles sont tes envies pour SMAC ? Comment imagines-tu son évolution dans les années à venir ?

Alors très honnêtement, un peu plus de deux ans après l’ouverture de la boutique, j’ai à cœur de continuer à faire les choses bien : à sourcer des artisans de qualité, à accueillir et conseiller mes client·e·s chéri·e·s, à dénicher des pépites, et aujourd’hui tout cela me prend tout mon temps et m’épanouit pleinement.

Alors oui bien sûr, j’ai plein de projets en tête (des collaborations et des événements que je souhaite mettre en place...) et aussi quelques défis à relever (la mise en place d’un programme de fidélité, la mise à jour du site internet, etc.).

Mais est-ce que je peux continuer à tout mener de front, seule ? (Façon de parler, parce qu’en réalité, je suis très bien entourée.) Pas sûre. Peut-être que ma prochaine étape, pour mon petit business, sera de recruter une personne de confiance, force de proposition et bien évidemment alignée avec les valeurs de SMAC.

Je vais donc de l’avant et je profite de ces quelques lignes pour passer le message à des étudiant·e·s qui seraient à la recherche d’un stage “Vis ma vie d’entrepreneure” : apprendre la gestion d’une boutique, savoir l’animer et la faire rayonner au-delà de ses murs.

Derrière SMAC, il y a bien plus qu’une boutique : il y a une femme passionnée, curieuse et profondément engagée à faire circuler le beau, le durable et le singulier. En rencontrant Solène, on comprend vite que chaque objet choisi, chaque collaboration raconte une histoire de cœur et de conviction.

Son parcours incarne l’authenticité et la persévérance. Son univers prouve qu’il est possible d’allier esthétisme, conscience et plaisir.

Si l’univers de Solène vous a charmé et que vous aussi avez envie de découvrir et de vous approprier quelques pièces de son univers, plongez dans son compte Instagram @smac.shop, où elle partage ses dernières trouvailles et nouveautés. Vous pouvez aussi retrouver une sélection de produits sur son site www.smac-shop.fr, et lui écrire directement si un objet vous fait de l’œil.

Et si vous avez la chance d’être Lillois·e, vous pouvez rencontrer directement Solène en boutique, au 70 rue du Général-de-Gaulle, à La Madeleine.

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